Publié le 4 déc. 2021 à 10 :30Mis à jour le 4 déc. 2021 à 10 :43Loïc Bonnet peut souffler.
Dix-huit mois après le début de la crise sanitaire, il voit enfin le bout du tunnel. « Le taux de remplissage de nos bateaux n’a jamais été aussi élevé ! », se réjouit le patron de Dream Yacht, l’un des leaders mondiaux de la location de voiliers.La reprise de la société fin septembre, par Beneteau et le tchèque PPF , lui a apporté 60 millions d’euros d’argent frais qui ont permis de rassurer les banques sur son avenir.
« Nous serons encore dans le rouge cette année, mais nous espérons revenir à l’équilibre l’an prochain », explique le dirigeant, resté à la tête de la société qu’il a fondée en 2001.
Annulations et reports
Le premier client des chantiers nautiques tricolores a pourtant bien failli ne pas survivre à la crise sanitaire. La fermeture des frontières et les confinements survenus au printemps 2020 ont provoqué annulations et reports en série, privant d’un coup le loueur de revenus – et de moyens de rembourser ses dettes (environ 150 millions d’euros).
« Même si les locations sont reparties au cours de l’été 2020, notamment en Méditerranée, il est assez vite devenu clair, avec les nouvelles restrictions survenues à l’automne, que nous aurions besoin d’une recapitalisation », explique Loïc Bonnet.Effectuée sous l’égide du CIRI (comité interministériel de restructuration industrielle), la recherche d’investisseurs a abouti au début de l’été 2021 : le champion tricolore de la fabrication de bateaux de plaisance, Beneteau (à hauteur de 41 %), associé au groupe tchèque PPF , présent dans les services financiers, les télécoms, les médias ou l’immobilier (pour les 59 % restants), ont créé une coentreprise qui a repris 87 % de Dream Yacht et dilué de fait les actionnaires historiques. NextStage est tombé à 8,7 %, Loïc Bonnet à 3,8 % et Fountaine Pajot à 0,5 %.
Depuis, les affaires ont repris , et Dream Yacht a recommencé à rembourser ses créanciers. « Les locations en Méditerranée ont bien marché cet été, et c’est reparti sur les destinations exotiques : sur les Antilles, les taux de remplissage en novembre et décembre sont supérieurs de 15 points à la période pré-Covid », indique Loïc Bonnet.
Surchauffe des chantiers
Le loueur n’a guère de mal non plus à trouver des acheteurs prêts à financer ses bateaux.
Son modèle économique prévoit en effet que sa flotte soit en grande partie acquise par des investisseurs, qui lui mettent ces voiliers à disposition moyennant un loyer (et une ou plusieurs semaines de jouissance privée), avant de les récupérer au bout de cinq ans. « Nous avons ainsi vendu 50 bateaux en septembre et octobre, c’est du jamais vu », se réjouit le dirigeant.Le point de difficulté est plutôt celui de la surchauffe dans les chantiers nautiques, qui ne peuvent pas fournir autant de voiliers que souhaité.
« Nous avons 400 bateaux en commande, dont 275 arriveront dans les 18 prochains mois », explique Loïc Bonnet. « Ce qui ne suffira pas pour renouveler la flotte dans l’année qui vient. » Déjà tombée de 1.
050 à 930 bateaux suite à des cessions et les fins de contrats des investisseurs, celle-ci devrait encore reculer autour de 900 l’an prochain, avant de recommencer à augmenter.Dream Yacht espère que la croissance retrouvée de ses revenus (135 millions d’euros prévus en 2021, après 103 millions en 2020) lui permettra de redevenir profitable à compter de 2023. « Nous tablons sur un Ebitda (résultat brut d’exploitation) de 40 millions en 2025 », indique Loïc Bonnet.
En espérant que la nouvelle vague de coronavirus ne vienne pas à nouveau gripper les projets de redressement.