Publié le 3 févr. 2022 à 17 :30Mis à jour le 3 févr. 2022 à 19 :22Parfois, il y a des rayons d’espoir à ne pas manquer.
La naissance de « mon espace santé » est l’un d’entre eux. Et l’épidémie lui a donné un appui décisif.Le projet de dossier médical partagé n’avait jamais abouti, malgré plusieurs tentatives et des milliards d’euros dépensés.
L’administration française pédalait dans la semoule numérique depuis près de vingt ans.
Montagne bureaucratique percée
C’est pourtant une évidence que de vouloir rassembler, pour chacun d’entre nous, les informations de santé dans un dossier numérique. En cas d’urgence, un médecin peut ainsi accéder facilement et rapidement à des données alors vitales.
Dans la panique de l’épidémie, une voie a cependant été percée dans la montagne bureaucratique. En mars 2020, les pouvoirs publics devaient connaître précisément la progression de l’épidémie pour piloter la parade sanitaire, mobiliser les équipes, affecter des moyens.
Réussite inconcevable
Et les données ont commencé à remonter via un nouveau système (SI-DEP) trois semaines plus tard, là où il aurait fallu deux ans en temps ordinaire.
Les pouvoirs publics ont beaucoup appris de cette réussite inconcevable quelques mois plus tôt. Lors du Ségur de la santé à la fin du printemps 2020, deux milliards d’euros, financés par le plan de relance européen, ont été fléchés vers le projet de dossier médical numérique.
« Ségurisation »
Il a fallu créer un nouvel outil juridique pour pouvoir les payer afin qu’ils conçoivent des outils adaptés, puis qu’ils les installent chez les professionnels de santé. Le tout dans des délais extraordinairement courts. Les professionnels du secteur ont même inventé un nouveau mot, la « ségurisation », qui désigne une forte mise sous pression pour moderniser les systèmes informatiques.
Bien sûr, le succès n’est pas garanti, malgré les efforts pour concevoir des outils numériques très simples destinés aux patients, et des carottes promises aux acteurs de santé afin de les inciter à jouer le jeu.Mais c’est une formidable leçon de conduite du changement numérique, dans un milieu public qui y est souvent rétif. Elle montre que l’administration peut changer vite et bien.
A condition d’avoir un sentiment d’urgence, une vision, un soutien politique, de l’argent (un peu) et une équipe dotée d’une détermination sans faille.